Différence entre le chaux-chanvre et le terre-chanvre
Le chaux-chanvre est aujourd’hui un des écomatériaux les plus connus. Par contre, son impact environnemental est pénalisé par la chaux, qui provient de roches calcaires cuites à haute température (~900°C). La chaux naturelle non adjuvantée est un matériau sain et compatible avec le bâti ancien, car c’est un matériau perspirant (qui laisse passer la vapeur d’eau) et capillaire (qui conduit l’eau liquide). Certes la chaux est moins polluante que le ciment naturel prompt (car celui-ci est cuit jusqu’à 1200°C) et le ciment portland (cuisson 1450°C), mais elle est bien plus polluante que la terre crue (pas de cuisson). La chaux aérienne carbonate en récupérant une partie du carbone produit à la production. Mais cette carbonatation n’est pas totale s’il y a des incuits. De plus, si la chaux aérienne est adjuvantée de chaux hydraulique ou de pouzzolane, cela pénalise davantage le bilan carbone. Les chaux préformulées pour le chaux-chanvre sont généralement composées de 75 % de chaux aerienne et 15 % de liant hydraulique et 10% de pouzzolane.
Sur un chantier de projection de terre-chanvre réalisé à 80 km de chez-nous, nous avons comparé l’impact environnemental du terre-chanvre et du chaux-chanvre (sur la base des données INIES). L’objectif était également d’évaluer l’impact de la projection mécanisée, car la projeteuse consomme de l’électricité. Cette analyse a été simplifiée analysant un seul paramètre : les kg eq. CO2 (lié au pouvoir de réchauffement climatique).
- Matériau : le chaux-chanvre a un impact négatif, mais le puits carbone formé par le chanvre est en grande partie compensé par la chaux. On a supposé ici que 75% de la chaux aérienne recarbonate, et que la chaux est préformulée, avec 70% de chaux aerienne et 30% de chaux hydraulique.
La terre crue ayant un impact négligeable, on conserve le puits carbone formé par le chanvre. On trouve ainsi que le terre-chanvre est 10 fois moins impactant que le chaux-chanvre en kg eq. CO2. - Outillage & déplacements : l’impact de la projection mécanisée est très faible, par contre la principal source d’émission est constituée par les déplacements journaliers pour se rendre sur chantier. Cela conforte de manière chiffrée qu’il est cohérent de travailler en filière locale. Faire intervenir des artisans de l’autre bout de la France n’a pas vraiment de sens…
Un travail est actuellement en cours dans le cadre du projet ECO-TERRA pour évaluer les performances environnementales du terre-chanvre selon d’autres critères, et pour obtenir des données valorisables sur chantier.